10 septembre Bateau-stop
Ce capitaine et son équiper n’ont vraiment pas beaucoup de défauts et ce sont de supers camarades de mers qui dans les coups durs savent gérer le stress, qui me laissent une place égale à bord, qui offrent une véritable place dans les décisions et qui anticipent toujours à temps les grains, et prennent soin tant du navire que de l’ambiance à bord, ils sont honnêtes, directes, simples, et avec un humour sans limite qui me fait beaucoup rire. On s’amuse à pousser un peu le bateau, on chante avec le capitaine qui est un virtuose de la guitare, on respecte nos moments de solitude que nous avons tous besoin. Ça roule et on se raconte nos histoires de vies. C’est aussi ça la mer.



La limite des 4 semaines : comme on dit en français “Qui aime bien châtie bien”
Cela fait pile quatre semaines que je suis à bord d’Evenstar. Ma théorie est qu’après cette période, où chacun essaye de s’adapter aux autres, les personnes à bord se laissent aller dans leurs habitudes et commencent à révéler vraiment leurs petits défauts. J’ai bien remarqué cette fois le changement progressif. Désormais j’ai remarqué que le capitaine claque toutes les portes de placards systématiquement même lorsque tout le monde dort. Il commence à me dire que je suis ” trop pure” car le chocolat me donne parfois des maux de tête, et me coupe la parole une fois sur deux sans s’en rendre compte. De son côté, je pense que je commence à lui taper sur les nerfs à force de lui emprunter son scotch, ses outils, son câble usb etc, je suis sûr que certaines de mes attitudes l’agacent avec le lot du reste de mes défauts.
Néanmoins, il faut que j’avoue, c’est parfois dur d’être sans matériel dans une aventure en mer, sans veste de quart, sans outil, etc… et c’est dur de s’abstenir de les utiliser quand ils sont à notre disposition. C’est tellement tentant. Si je prends un jour des bateaux stoppeurs je me jure de ne jamais leur faire une réflexion sur le partage des affaires.
Paul, quant à lui continue à être très bon vivant, ne manque aucun « 5-oclock-beer-time », et fume encore ces dernières feuilles de tabac. Je sens qu’il est parfois pris d’une immense nostalgie face à la mer du soir, et je me demande si je peux faire quelque chose pour lui. Alors, souvent, je m’assois à ses côtés pour fumer quelques bouffées avec lui. Il pense que je suis une hippie tarée mais sympa. Il est d’une tolérance infinie et arrondit les angles un peu plus que nous autres. Surtout c’est un chef cuistot hors-pair, on aura mangé comme des rois ! Le capitaine et moi, donnons le meilleur de notre savoir-faire culinaire pour rester à la hauteur. Tentative de sushi avec poissons frais pour moi, et le capitaine cuisine des petits plats mijotés !










Aujourd’hui j’ai construit le réchaud à alcool avec les deux canettes de bière Hinano de Tahiti sous le regard perplexe de mes camarades. Tout semble s’imbriquer parfaitement. Le capitaine est très sceptique et voudrait bien voir le réchaud fonctionné mais pas sur son navire. Paul est curieux et prend en photo les étapes. Finalement, les deux sont relativement impressionnés par la simplicité et l’esthétique. Je n’ai plus la paroi de protection et le système de visse pour poser la casserole (que je n’ai plus non plus). Steve a emporté avec lui toutes les affaires qui l’arrangeait bien, mais qui m’arrangeait moins. Le réchaud marche parfaitement, et je vais trouver un système pour remplacer le porte casserole. C’est la magie de la mer, on a du temps pour tout !







