Un mois plus tôt, à 1500 miles d’ici, je traversais le lagon de Tahiti sur une annexe prêtée gracieusement par Jean-Phi, célèbre soudeur alu de la marina Taina, afin de trouver mon futur voilier-stop. Il me prêta son bolide sans aucune crainte grâce auquel j’avais alors rencontré Marie Claire, qui m’aura emmené voir Evenstar, mon futur voilier d’accueil. C’est donc en partie grâce à lui si j’ai réussi à rencontrer les bons camarades de mers ! Ce
Le hasard dit-on.
Cette après-midi, je marche sur le quai de Denarau aux Fidji où Jean-phi est censé être au mouillage depuis la veille, et je tombe sur une annexe, qui donne un air de déjà-vu à cette nouvelle marina. Comme quoi de longs voyages peuvent aussi rassembler des âmes. Me voilà à ses côtés, une Bitter-Fiji entre les mains, on trinque sous les étoiles Fidjéennes et nous ne pouvons plus nous arrêter de raconter nos histoires de mers. Quel réconfort de revoir un ami au bout du monde.

À Tahiti, nous nous étions succinctement rencontré, puis successivement quitté, dans l’urgence de nos départs respectifs. Tous les deux fraîchement séparés, tous les deux désirant naviguer vers les Fidji, mais surtout tous les deux avides de solitude. Nous lancions positivement, on se voit aux Fidji !
Maintenant, son regard s’est ouvert, les yeux bleus sont désormais pétillants, il a le teint et l’allure des heures sous le soleil du Pacifique et il respire la liberté. Le café embaumant le carré de Jacynthe, son ketch, sa maison. Je me sens en amitié, en confiance totale, on décide de prolonger tout ça, je l’emmène faire du parapente sur les Dunes de Sigatoka.
Sous le sommet, le vent projette sur nos corps une cascade de sable à toute allure. Les yeux sous mon chèche, je découvre émerveillé ce désert improbable.

La vue est à couper le souffle, on est tous les deux estomaqué. Pour se protéger de la tempête de sable, nous trouvons un abri à l’ombre rasante dans cette savane verticale. Tels deux lions, nous contemplons sous un même regard cette nature sauvage. Les vagues déferlent luttant contre le jaune de la Dune.

La pente école est ratée avec un vent qui dépasse les 25 nœuds mais on se jettera dans cette houle qui nous irradie de bonheur. Les galbes des dunes sont parfaits, ridés dans l’éphémère, seule l’empreinte de nos âmes qui se lient d’amitié restera marquée dans notre passage aux Fidji.


Nous vivons trois jours en un, baignade en rivière, exercice de pranayama, visite et balade dans la mangrove, je trouve un frère, aussi motivé et hyperactif que moi. Le soleil rouge énorme se couche sur les îles derrière son ketch et nous montons chacun sur un mât pour une petite balade verticale.

L’aurore bleutée des collines de Viti Levu, nous emmène sur la plage de mon départ. Tout s’enchaîne, les aurevoirs, le décollage de l’avion que je ne veux pas prendre, les myriades insulaires qui perlent au milieu de la barrière de corail où flotte Jacynthe et Jean-Phi. Lui repart en Nouvelle-Zélande et moi en Australie. Ciao !


