14 septembre 2022
La pression est redescendue à bord, j’ai mon visa et ce triste billet vers l’Australie. J’ai déjà rempli mes petites sacoches de vélos, nettoyer les draps de ma couchette, donner la pile de t-shirt qui ne me servira pas à vélo. C’est bientôt le grand départ.
Ce matin à bord, mes compagnons ont pensé à mon anniversaire, il m’offre un chargeur de portable (le mien ayant lâché dans la traversée) et une barre de fer pour mon réchaud-alcool fait-maison qui va m’être super utile pour cuisiner sur la route. Je suis touché par ces cadeaux très utiles et bien choisis.
Ce soir, Steve Watson et Paul Eisson ont décidé de m’inviter au resto le plus chic de la petite bourgade de Savusavu pour mon anniversaire. Je leur avais bien dit que trinquer à bord était suffisant. Ils ont sorti les plus belles chemises, ils sont tous les deux très élégants, et je les regarde en sachant toutes les belles aventures et fous rires que nous avons eus et que dès demain je ne les reverrais pas avant très longtemps.
L’annexe est mise à l’eau dans l’obscurité du mouillage de Savu, et nous avançons tranquillement dans l’eau noire vers ce petit ponton en bois derrière le restaurant. Paul dépose une petite carte au tissu Fidjien sur la table, tous les deux ont écrit, évidemment les larmes me montent rapidement et on se retrouve les trois avec les yeux rouges. Je n’en crois pas mes yeux, ils m’ont trouvé un leatherman, le couteau-suisse multi-outil durable et compact qui coûte un bras. Il m’avait vu reluquer le bel outil dans la vitrine de la marina et entendu parlé de mes outils de vélo emporté vers la Nouvelle-Calédonie à bord d’un autre voilier.
Le lendemain, c’était décidé je débarquais à midi sous un cocotier de la marina. Je sentais les regards un peu pesant pour remonter mon vélo, des voileux assis au bar. C’est la première fois que je le remonte seule, je n’ai pas droit à l’erreur surtout sous ces regards. Paul est perplexe et triste de me voir partir. Finalement, en une bonne-heure et demie, tout est à peu près en ordre (je croyais). Pour égailler le moment des adieux je propose au capitaine son première tour de vélo couché ce qui lui vaudra un beau bleu sur le derrière ! Puis soudainement, la gorge se serre, et on se sert dans les bras, on verse tous une grosse larme. Je mesure à quel point ces deux hommes ont été de supers marins, je n’aurais jamais trouvé mieux. Les deux gaillards remontent à bord d’Evenstar et partent pour d’autres aventures. Et moi, je m’apprête à partir découvrir Vanua Levu à vélo.




