Au départ de Tahiti depuis le mouillage de Taina, à bord du voilier Evenstar, avec le capitaine S.Watson et P.Eisson, nous metterons le cap dès demain vers l’Ouest direction Moorea, Huahine, Raiatea, Tahaa, Bora et les îles Cook puis les Fidji. J’embarque à nouveau comme bateau-stoppeuse après avoir laissé partir Steve en mer il y a quelques semaines. C’est dans la coque de ce nouveau navire que j’écris ces vers libres alors que je n’ai plus accès à notre site untourdaile.com, en espérant un jour avoir à nouveau un media personnel pour partager ces lignes.
Tahiti, il était temps de te dire au revoir,
Tahiti, si petite au centre de la planète bleue,
Tes lumières se perdent dans le Pacifique Sud,
Mais tes visages resteront gravés dans ma mémoire.
De la rive je m’éloigne,
à genoux sur ma planche, je m’incline.
Rame en main, je crois traverser le lagon,
Mais c’est bien lui qui me traverse de sa flèche des grands départs.
Je me retourne sur ce Parc Vairai, il me regarde.
Toute l’île me surplombe digne et chaleureuse.
Sereine d’être si vivante, je sais que je reviendrais.
C’est écrit, un bout de l’histoire se construira ici.
Ces dernières nuits orageuses à observer les flancs de l’Aorai,
les éclairs sculptant mes souvenirs,
des corps, des vallées, des montagnes,
des tulipiers du gabons soudainement mise à nu,
Du māhu, ces nuages jaillissants sur les pentes tropicales,
Les pieds sous les pins et la pluie tiède perlant sur mon visage.
Le mois d’août frais offrant ses senteurs d’un hiver austral.
Raurri, Pa, Tahia, Manutea, Bora, Vetea, Eimeo,
Herenui, Terevai, Iotefa, Arii, Tamata, Taliena, Hiro
Une infinité de visages, de rêves, de craintes, de rires et de confidences.
Immergée dans cette culture, sans oublier mes racines,
Être soi-même parmi eux, c’est un peu d’eux désormais en moi.
Ce petit bout du Pacifique, le nombril d’une humanité qui me touche.
En tailleur sur cette planche le voilier m’appelle.
déjà flottante dans l’inconnu,
Sans m’en rendre compte j’ai quitté cette terre,
Réalisant que je ne mettrais plus les pieds sur ce sol avant quelque temps.
Vertige, comme si je quittais la maison de mes ancêtres.
Le Mara’amu souffle dans les voiles,
Elle disparaît sous l’horizon et déjà Tahiti rayonne dans mon cœur.
Je la salue, nānā nehenehe Fenua,
Une immense gratitude m’envahit.
Māuruuru roa – Tāpe’a te māna’o !
Un grand merci à vous.
